Né à  Segrie-Fontaine dans l’Orne,  le Père Claude Poussier a été ordonné prêtre le 21 juillet 1963  par Mgr Guilhem à ND des Cordeliers à Laval…  et poursuit ses études en Théologie à Rome, puis à Paris, à l’école pratique des Hautes Etudes de la Sorbonne, et à l’Institut supérieur de Liturgie à la Catho de Paris.

Le Père Claude Poussier reçoit sa première nomination, en août 1967 et est envoyé à Ernée,  vicaire à la paroisse et aumônier de collèges. Deux ans après, il est nommé aumônier diocésain des mouvements JEC, JIC et JICF pour les jeunes en milieu indépendant et les étudiants, ainsi que de l’ACE en milieu indépendant.

En juillet 1977,  le Père Poussier devient curé à la Paroisse Saint Paul de Laval, puis  huit ans plus tard, en juillet 1985, il est nommé à Mayenne où il a exercé la charge curiale avec une équipe pastorale.

Au cours des années 1990 à 1993, le Père Poussier participe au Conseil presbytéral, et a été élu, par ses confrères, secrétaire général.

Le 15 juin 1990, le Père Poussier est nommé responsable de la Maison du Diocèse et délégué diocésain à la Formation permanente à mi-temps.

Déchargé de la responsabilité de la Maison du Diocèse en juin 1993, il devient à plein temps responsable de la Formation permanente pour y consacrer toute son énergie avec ses connaissances et ses compétences notamment en Histoire des religions, en Patrologie et en Liturgie.

En juillet 1997, il reçoit la responsabilité diocésaine du Diaconat permanent.

Le 26 juin 1999, le Père Claude Poussier est nommé Recteur du Sanctuaire de Pontmain.

Il devient le Chancelier du Diocèse à partir du 1er novembre 2006, et entre au Chapitre Cathédral en 2007.

Depuis 2006, le Père Poussier, tout en étant Chancelier jusqu’à la fin de l’année 2015,  a été l’aumônier de la Communauté des Sœurs Notre-Dame de la Miséricorde de Laval et de la Maison de retraite.

Rendons grâce pour le ministère fécond et les 53 années de sacerdoce du Père Claude Poussier, qui est entré dans la paix de Dieu quelques jours avant la fête de la Toussaint.

 

Obsèques du Père Claude Poussier
Cathédrale de Laval – 2 novembre 2016
Homélie de Mgr Thierry SCHERRER

Chers amis,
C’est dans la radieuse lumière de la Toussaint que nous célébrons ce matin le départ vers le ciel de notre frère Claude. À l’assemblée des saints et des saintes que nous contemplions hier se joint la foule innombrable des fidèles défunts de nos familles que nous commémorons en ce jour. Les deux célébrations sont évidemment indissociables l’une de l’autre. La proclamation des Béatitudes dans l’évangile d’hier s’achevait par ces mots : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » C’est la même tonalité heureuse qui émane des lectures de cette messe. Elles nous parlent de vie, de ciel, de nouveauté, de maison, de communion, de fiançailles et même d’épousailles. Elles nous sont offertes, ces lectures, comme une invitation à la joie et à l’espérance. C’est de cette joie de l’espérance, fruit de la résurrection, dont nous devons être témoins pour le monde d’aujourd’hui.
La foi chrétienne nous donne au moins trois caractéristiques essentielles de l’éternité promise et de l’espérance qui lui est attachée :
– C’est d’abord une éternité qui a un caractère dialogal. Le Dieu en lequel nous croyons n’est pas un solitaire, Il est famille, il est communion, il est Trinité d’amour. Notre Dieu n’est pas « atome », mais relation parce qu’Il est Amour ; et c’est pourquoi Il est Vie ; Quand saint Jean, dans le passage de l’Apocalypse entendu tout à l’heure, évoquait la récompense du ciel, ce qu’il appelle « l’héritage du vainqueur », il ne faut pas voir dans cette récompense, dans cet héritage quelque chose, une réalité matérielle, il faut y voir un don qui est de l’ordre d’une relation, une relation de fils à Père : « Je serai son Dieu, lui sera mon fils. »
– C’est ensuite une éternité qui a un caractère intégral. Ce qui est sauvé, en effet, c’est l’homme tout entier dans l’unité indivisible de son être créé, constituée tout à la fois de corps, d’âme et d’esprit. Même si notre corps « s’use » au fur et à mesure que nous avançons en âge, c’est bien notre être en sa totalité qui marche vers son éternité, dans une sorte de mûrissement progressif, jusqu’au jour où nous contemplerons Dieu face à face.
– C’est enfin une éternité qui a un caractère solidaire. Car nous ne sommes pas destinés à dialoguer avec Dieu uniquement ; nous n’entrerons pas dans une éternité qui n’appartiendrait qu’à nous-seuls. Non, le dialogue chrétien avec Dieu passe nécessairement par les autres. Il passe par l’histoire dans laquelle Dieu parle avec les hommes ; et donc ce dialogue a lieu dans la solidarité des enfants de Dieu. Et c’est ce qui fait la grandeur et la beauté de ce que notre Église appelle la « communion des saints ». Cette expression nous dit bien que la vie éternelle ne saurait isoler l’homme. Elle le conduit, au contraire, à l’union authentique avec ses frères et avec la création toute entière.
De notre frère Claude qui nous a quittés, je retiendrai personnellement sa gaieté, sa cordialité fraternelle, son érudition impressionnante, son travail méticuleux. C’est un privilège, vraiment, de l’avoir eu comme chancelier durant toutes ces années passées. Combien il a apporté à notre diocèse tout autant par ses compétences que par sa belle
présence d’homme et de prêtre ! Les résidents et le personnel de la maison de retraite de la Miséricorde ainsi que les Soeurs de la communauté sauraient nous dire aussi à quel point ils ont apprécié le ministère d’aumônier qu’il a accompli de manière exemplaire et fidèle depuis dix ans.
Je dois dire que j’ai été particulièrement heureux de l’associer à la visitation au Liban que nous avions effectuée en mai 2011, un voyage qu’il a vécu avec une curiosité culturelle extraordinaire. J’ai pu alors vérifier son attachement profond à l’Église d’Orient ainsi que sa vive sensibilité aux questions oecuméniques qu’il portait déjà depuis le temps de ses études à Rome, en plein concile Vatican II. Personne d’ailleurs n’oubliera l’amitié qui le liait au patriarche Bartholomeos depuis ces années lointaines où, avec le Père Jean-Pierre Maillet ici présent, ils partageaient les mêmes bancs de l’université Grégorienne. Bartholomeos était alors diacre, envoyé par le patriarche Athenagoras pour y faire des études de droit oriental. En 1964, ils furent ensemble, Claude, le Père Maillet et Bartholomeos, compagnons d’un voyage mémorable en Grèce et en Turquie, à la découverte de l’Église orthodoxe. Cette même année, on s’en souvient, Paul VI et Athenagoras échangèrent le baiser de la réconciliation à Jérusalem.
De son séjour à l’hôpital de Laval où l’avait conduit cette grave infection pulmonaire qui a fini par l’emporter, je voudrais vous partager de notre frère Claude trois choses qui m’ont particulièrement touché :
– D’abord l’émotion tangible avec laquelle il parlait de la réunion familiale qu’il avait vécue il y a moins d’un mois et qui permit le rassemblement d’un grand nombre des siens, des plus jeunes aux plus âgés dans un climat de communion et de paix. « Quel bonheur, quel bonheur ! » Ce sont les mots qu’il répéta à plusieurs reprises pour évoquer ce souvenir merveilleux pour lui et encore récent, souvenir qu’il passait et repassait dans la mémoire du coeur sous la forme de la louange et de l’action de grâce.
– Et puis la joie surnaturelle avec laquelle il reçut le sacrement des malades que je lui ai proposé. Il s’est alors abandonné entièrement à la tendresse de Dieu en citant tout haut la parole de Jésus en Croix : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Et il ajouta les mots de la philocalie ou de la prière du coeur que nous ont enseignée les moines d’Orient : « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ». Il disait que ces mots lui procuraient un bienfait spirituel immense, qu’ils lui faisaient retrouver le chemin de la paix intérieure.
– Ce qui m’a frappé, enfin, chez Claude, dans les tout derniers jours, c’est que son offrande et son intercession étaient pour les chrétiens d’Orient, spécialement ceux de Mossoul qui vivent un véritable enfer depuis de longs mois. Je crois pouvoir dire vraiment que Claude a uni ses souffrances à la souffrance de ce peuple persécuté et meurtri.
Le ministère du Père Claude est illuminé par la présence de Marie, particulièrement depuis ces années où il fut Recteur du sanctuaire de Pontmain. Aussi j’ai plaisir à imaginer le sourire avec lequel la Vierge, la « portière du ciel », comme aimait l’appeler saint Jean-Marie Vianney, lui ouvre maintenant avec son Fils Jésus l’accès à la béatitude éternelle. Cher Claude, vous avez été un prêtre merveilleux, un bon et fidèle serviteur. Puissiez-vous maintenant entendre le Seigneur vous murmurer tendrement à l’oreille du coeur : « Entre dans la joie de ton Maître. »