La vie de Bernard était faite de multiples facettes, en voici quelques-unes.

Bernard est né en Mayenne, le 13 août 1945. Il sera suivi d’une sœur et de quatre frères.

Ses parents étaient métayers pour un propriétaire, à Saint-Denis-de-Gastines.

« Le travail de la terre était rude, le fruit des récoltes du père, devait hélas être remis en partie au propriétaire. Maman tremblait quand elle le voyait venir, c’était de la nourriture en moins pour sa famille. Quand je rentrais de l’école, le jeudi et le samedi, papa voulait que je reste près de maman. Je l’aidais à la cuisine, c’est comme cela que j’ai appris certains petits plats. »

« A 2 ans, je me suis cassé la jambe. Hospitalisé à Mayenne, je voyais mon père une fois par mois et ceci pendant un an. Maman avait les petits qui l’occupaient et surtout, il n’y avait pas de moyens de locomotion pour franchir les distances. De cet épisode douloureux, j’ai eu la gangrène au talon. Sans  celui-ci, j’ai appris à vivre ainsi. »

A 10 ans, Bernard partira au collège de Pontmain, chez les Oblats de Marie, avec le projet d’être missionnaire… Il précisait : « J’ai le niveau du BAC, sans le diplôme. »

Bernard choisit en 1963, la formation de métallier-serrurier en forge, et part à Rennes. C’est sûrement pour cela qu’il se disait breton. C’est dans cette période qu’il découvre la JOC et il y prend ses premières responsabilités.

Trois ans après, il est appelé en 1966 comme permanent national à la JOC. C’est la période où nous nous sommes connus, dans la dynamique de la préparation du rassemblement de Paris 67. Pour ce rassemblement, Bernard contribue à l’écriture du chant « De nos mains ». Jusqu’en 1971, il accomplit diverses responsabilités dont celle de faire mouvement avec  les jocistes dans l’enseignement supérieur. « A l’équipe nationale, je découvre que tous lisent ‘le Monde’, je vais l’acheter et c’est ainsi que j’ai commencé à creuser l’info ». Dans cette période, le projet de ministère resurgit avec les GFO. La figure du Père Georges Guérin (prêtre fondateur de la JOC) qu’il côtoyait chaque jour, rue sœur Rosalie à Paris, façonnera sa foi et son écoute des personnes qu’il rencontrera.

En 1971, c’est le retour au pays. Il trouve un emploi à Rennes et il vit un licenciement.

L’UD CFDT l’embauche comme permanent syndical. « Cette expérience syndicale m’a formé pour toutes les autres responsabilités que j’ai acceptées. Je me rappelle de la longue lutte des travailleurs du « Joint français » et des négociations avec le patronat qui ont parfois duré 18 heures. Il m’a fallu creuser les lois et bien des informations pour être à la hauteur… »

Bernard choisit, en 1974, de quitter cette responsabilité pour s’engager dans la formation en vue du ministère de prêtre. Il entre au séminaire de Lyon avec les EFMO (Equipe de Formation en Monde Ouvrier). Son lieu de résidence et d’insertion sera le quartier du Grand-Pont, à Rive de Gier (42). C’est alors qu’il y fonde et accompagne des équipes d’ACE,  de JOC, d’ACO… Le souffle de la mission l’habite.

En 1976 il est appelé au diaconat en vue du ministère de prêtre. C’est en juin 1977, qu’il recevra l’ordination presbytérale à Rennes. Toujours fidèle voici ce qu’il précise : « Le jour de mon ordination, mon père, syndicaliste, qui avait subi tant d’humiliations du propriétaire, comme métayer, me dit : « Maintenant que tu es prêtre, ils vont te faire l’invitation de venir à 16h, boire le thé. Tâche de ne pas y aller… »  Ces paroles je ne peux les oublier. »

Bernard est détaché par le diocèse de Rennes, pour servir dans le Diocèse de Lyon. Son premier lieu d’habitation sera Vaise, rue Sidoine Apollinaire. Il résidera 30 ans à La Duchère, dans la barre des 1000 ; et ensuite, au 330 rue André Philip à Lyon 3ième

A partir de 1977,  Bernard enchaîne les accompagnements et la fondation d’équipes JOC, ACO, ACE etc… Parallèlement, il assure diverses responsabilités :

– Délégué diocésain à la Mission ouvrière

– Secrétaire des trois conseils des cardinaux Albert Decourtray, Jean Balland,  Louis-Marie Billé.

– Directeur du séminaire des EFMO (Lyon et Lille) pendant 15 ans.

– Professeur au séminaire Saint-Irénée, pour l’année diaconale durant 10 ans. «  Lorsque j’étais professeur au séminaire, responsable de l’année diaconale, ainsi que pour les EFMO, je devais exercer le discernement et l’accompagnement avec une équipe, préparer les cours. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Je travaillais beaucoup car je ne suis pas un théologien avec un doctorat… J’ai toujours été jusqu’au bout de tout ce que j’ai fait. »

Son plaisir des grands voyages, de découvrir et de comprendre d’autres cultures a dû contribuer à son investissement dans sa dernière grande fonction :

– Directeur du service national de la Pastorale des migrants à Lyon, puis à Paris entre  2003 et 2013.

En septembre 2013, c’est épuisé qu’il termine sa responsabilité et que le diagnostic est tombé… Sa vie donnée aux autres, avec un rythme soutenu, des déplacements multiples dans toute la France, des liens maintenus avec les équipes de Lyon, nous en avons tous bénéficié.

Mais nous n’ignorions pas les combats et les souffrances engendrées par des choix contraire à ses convictions pour une vie en Eglise à laquelle il est resté fidèle et que nous avons bâtie ensemble …

Son dernier combat aura été celui contre sa maladie. Sa force de vie et sa force intérieure enracinées dans une grande confiance en la VIE et en Jésus Christ, a défié pendant cinq ans la médecine.

Il a été soutenu dans ce combat par Robert, son cousin, et sa famille ainsi que par ses amis présents, vigilants, priant à ses côtés jusqu’au bout de ce 29 juin où il nous a quittés.

Ceux qui l’ont visité ont rendu témoignage des liens tissés avec Bernard, des liens avec un frère qui a donné son AMOUR à chacun et continuera autrement de le faire.  « La force m’est donnée par l’amour que vous m’offrez, signe d’une véritable communion appelée la communion des saints… »

Marie-Jo, proche du Père  Bernard Fontaine

 

NDLR : Le Père Bernard Fontaine est inhumé dans le cimetière de son village d’orginie, Saint-Denis-de-Gastines. Une messe a été célébrée en sa mémoire le 9 juillet 2018.

©La Croix