– Originaire d’Hambers, né en 1920, le Père André CHARLOT a été ordonné prêtre le 19 mars 1943.
– Il est nommé vicaire à St Martin de Mayenne.
– En 1950, il est nommé aumônier diocésain de l’ACO et de la JOC-JOCF, et est envoyé pour des études à l’Institut Catholique de Paris. – En juillet 1960, il devient curé-doyen du district de Gorron.
– Cinq ans plus tard, il est nommé curé de la paroisse St Pierre à Laval.
– Au cours de l’année 1969, l’évêque de Laval relaie l’appel de plusieurs évêques de la banlieue parisienne auprès des prêtres du diocèse afin que plusieurs puissent être volontaires pour la mission et le service d’un diocèse en périphérie de Paris. C’est ainsi que le Père André Charlot accepte de quitter la Mayenne pour servir le Diocèse de Pontoise. Le 1 er septembre 1969 ; il est nommé membre de l’équipe des prêtres à Sarcelles ; puis nommé en 1971, responsable de la paroisse Ste Geneviève à Garges-les-Gonesse. Il a habité au milieu des gens en HLM avec une équipe de confrères dont Paul Thielin et Gilbert Delange, prêtre du Diocèse de Séez (avec nous ce matin) ; également, le Père Charlot a travaillé à temps partiel comme employé de bureau à l’Office central interprofessionnel du logement.
– Le Père Daniel Ducasse, vicaire général du Diocèse de Pontoise, prévenu du décès du Père Charlot, m’a assuré de la prière de son diocèse et a transmis la nouvelle aux prêtres et aux paroisses desservies par notre frère André : ils sont ce matin en communion avec nous.
– Le Père Charlot a pris sa retraite à Laval en septembre 1998, et à l’été 1999, il est nommé aumônier diocésain de l’ACI durant quelques années.
– Pour raisons de santé, en septembre 2007, il se retire à la Maison de Retraite de La Miséricorde à St Joseph des Champs, là où il est décédé le 19 mai 2016 dans sa 73 ème de sacerdoce.
Homélie prononcée le jour des obsèques par le Père Maurice Carré.
Basilique d’Avesnières le lundi 23 mai 2016
Dans l’homélie qu’il a prononcée le 2 Mai 1993 dans l’église Notre Dame de la Paix à Arnouville les Gonesse pour fêter ses 50 ans de ministère de prêtre, le Père CHARLOT avait pris cet Evangile qualifié comme Evangile du Bon Pasteur.
« Ce bon pasteur , disait-il, conduit ses brebis et marche à leur tête, il les appelle chacune par son nom. Jésus se dit encore la porte des brebis, la voie d’accès, le passage obligé pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance »
Après avoir prononcé ces paroles, le Père CHARLOT faisait une relecture de sa vie pour en faire ressortir les « éléments fondateurs de sa vocation, les passages, les signes de Dieu dans sa vie de jeune, de prêtre au service de l’Eglise, une Eglise , disait-il, au service du monde, l’Eglise n’existant pas pour elle-même mais pour le monde et pour cela, disait-il encore, Dieu a besoin des hommes ».
Originaire du Nord-Mayenne, il a grandi sans se poser de grandes questions métaphysiques. « Mobilisé en juin 1940, c’est là que j’ai découvert un monde nouveau, le monde des jeunes de mes 20 ans, univers qui m’a chaviré, bousculé, à travers la débâcle qui a suivi puis les chantiers de jeunesse en zone libre » Premier choc pour lui de se retrouver au milieu de jeunes aux convictions différentes, de tout milieu social, de tous les coins de France. On ne parlait pas encore d’aller aux périphéries. Il s’y est trouvé propulsé sans l’avoir cherché !
Cette plongée dans la vie lui a donné l’orientation de son ministère par la suite. Il y a fait la rencontre de 3 jeunes : Auguste, séminariste formé par la JOC, Fernand ouvrier au gaz de France et militant jociste, Daniel issu de la JEC. « Ils m’ont entraîné à une journée spirituelle. Accueillis chaleureusement par un jeune vicaire, je découvrais, pour la première fois, un prêtre nous commentant l’évangile de la tempête apaisée au cœur même de notre existence de jeunes, coupés de nos familles et en pleine guerre. Rentrant le soir, je me suis dit ‘si c’est ça être prêtre, je rentre librement au séminaire et j’essaierai d’être comme lui, présenter un jour l’Evangile de cette façon’
Après son ordination il est nommé vicaire à Mayenne et son curé, voyant ses capacités à rentrer facilement en relation avec les gens, lui dira : « Vous avez raison l’abbé, ne vous enfermez pas au presbytère ; allez voir les gens… L’accueil des gens me bouleversait à chaque fois ; ils me racontaient leur vies ».
Aumônier de JOC il rencontrait des jeunes apprentis… De temps en temps un permanent du mouvement venait dans les équipes. « Après la réunion il me dit : l’abbé, il faut écouter les jeunes jusqu’au bout, noter leur vie… vous parlez trop ! » « C’était bien la première fois qu’un laïc se permettait de me faire une observation… Il m’apprenait tout simplement à être attentif à la vie des personnes vivant des conditions de vie, de travail, de famille, à la manière du berger qui connaît ses brebis et les appelle chacune par son nom et pas seulement sur un fichier ou un ordinateur. »
Plus tard, ayant la charge de curé et de doyen dans un canton rural, il découvre une autre situation difficile à vivre pour lui. C’était le moment où se créaient les collèges d’enseignement général, époque d’affrontement entre les partisans de l’enseignement public et de l’enseignement privé, ce qui l’amènera à faire tout un travail de recherche et de réflexion sur la laïcité dans la société française. ce travail lui permettra de nouer des relations dans la durée avec des personnes aux convictions fortes, se situant dans une autre sphère que celle de l’Eglise.
Plus tard encore, répondant à un appel des évêques de la région parisienne et avec l’accord de l’évêque de Laval, il ira vivre de nombreuses années dans le diocèse de Pontoise : « C’est vraiment un autre passage d’une vie de province à la vie des grandes cités, comme beaucoup de gens d’ailleurs qui émigraient pour le travail. J’avais l’impression d’être noyé devant ces tours, ces immeubles, ne connaissant personne ».
La fraternité vécue entre prêtres, avec l’habitat en HLM au milieu des gens et un travail salarié (pour lui ce sera dans la gestion de logements sociaux et une présence aux gardiens d’immeubles), cette fraternité entre prêtres le fera vivre en profondeur. Il éprouvera de l’intérieur ce qu’est « la vie en abondance » Il aura toujours du temps pour accompagner des jeunes et des adultes dans les mouvements de JOC, d’ACO et d’ACI, mouvement qu’il a continué d’accompagner à son retour en Mayenne.
« Quand on regarde en arrière, tout n’est pas une légende dorée. On s’aperçoit aussi de ses limites, de ses repliements sur soi-même, des occasions manquées, des non-réponses à des attentes de jeunes et d’adultes mais, disait-il, ce que je voudrais souligner c’est la présence du Seigneur, expérience intime et inexprimable de Celui qui m’a appelé, le Christ, le Berger qui m’a appelé dans sa bergerie, dans son Eglise avec ses paroles : toi aussi, viens suis-moi ».
Alors nous pouvons faire nôtres les paroles de Saint Pierre entendues dans la première lecture : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance, grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure ».
Rendons grâce pour cette figure de prêtre, lui qui passe de la foi à la claire vision de ce qu’il a cru.
P. Maurice Carré
Qu’il nous aide à faire ce même chemin !
Adieu au Père André CHARLOT par Gilbert DELANGE, prêtre du diocèse de Sées
André Charlot reste pour moi le frère aîné qui m’accueillait en 1971 à Garges-lès-Gonesse : il m’a toujours encouragé et fait confiance pendant les douze années de notre collaboration.
André demeure l’apôtre qui, dans un grand ensemble de banlieue anonyme et cosmopolite, allait sans cesse à la rencontre des personnes et des familles. Que d’heures passées pour cela dans les escaliers des HLM ou les ascenseurs des grandes tours !
Il demeure pour moi le prêtre qui croyait à la vocation première des laïcs : vivre et semer l’évangile au cœur du monde. Que de liens il a créés et favorisés pour cela, en particulier avec ces provinciaux et ces antillais qui débarquaient en région parisienne !
Il demeure pour moi le pasteur passionné de la rencontre de l’Eglise et de la société française : les écrits sur l’histoire de la laïcité en Mayenne en témoignent !
Je n’avais pu participer à la célébration de ses cinquante ans de sacerdoce, mais il m’avait envoyé son témoignage. J’en retiens deux citations :
– « ce que je voudrais souligner aujourd’hui, plus que les ombres et les brouillards, c’est pendant 50 ans la présence du Seigneur, expérience intime et inexprimable de Celui qui m’a appelé, le Christ, le Berger qui m’a appelé dans sa bergerie, dans son Eglise : toi, aussi, viens, suis-moi. »
– « En définitive, ce qui m’a fait vivre en profondeur : Notre Père, que ton règne arrive. »