Père André BARRÉ (1933-2017)
- Originaire de Saint Martin de Connée, né le 17 janvier 1933, le Père André Barré a été ordonné prêtre le 17 décembre 1960, et a reçu sa première nomination de vicaire en étant envoyé à la paroisse de Cossé-le-Vivien.
- Au printemps 1969, il est nommé vicaire à la Cathédrale de Laval.
- En 1977, il est appelé à rejoindre l’équipe du district de Pontmain, plus spécialement chargé de la catéchèse et de l’Action catholique des Enfants.
- Huit ans plus tard, André Barré est nommé au service de l’Aumônerie de l’Enseignement public de Château-Gontier et rejoint, en 1985, l’équipe paroissiale de la Trinité de Château-Gontier.
- En juin 1992, le Père André Barré est nommé curé de la paroisse du district de St-Pierre-la-Cour, La Gravelle et Launay-Villiers, puis en septembre 1997, prêtre coopérateur de la paroisse nouvelle St-Bernard-de-Clermont.
- A l’été 2002, André Barré est nommé prêtre au service de la paroisse St-Jean-St-Paul-St Sulpice de Grenoux. Ces dernières années, il assurait les services qu’il pouvait en fonction de sa santé qui se fragilisait.
- Aujourd’hui, nous prions pour notre frère André et nous rendons grâce pour toute sa vie et ses 57 années de sacerdoce au service de l’annonce de l’Evangile.
HOMELIE du Père Maurice CARRÉ lors des obsèques du Père BARRÉ
C’est André qui a fait le choix de ces deux textes. Le premier évoque la vocation du prophète Amos : « Je me reconnais. Je m’y retrouve tout à fait. Il a entendu des appels, Il est allé là ou ou l’Esprit l’envoyait. Moi aussi j’ai répondu à des appels >>
C’est à l’âge de 12 ans qu’il a entendu le premier appel : « Lors d’une prière du soir, à la chapelle du pensionnat St Joseph à Evron, je jette un œil sur la statue d’un ange gardien. A l’intérieur de moi, une voix me dit : « Il y a des âmes à sauver. Il faut que tu sois prêtre !». J’étais un peu sidéré… J’ai gardé ce secret plusieurs mois puis je me suis décidé à en parler à mon curé, Je lui ai expliqué ce qui se passait. Il m’invite à le dire à mes parents, ce qui les a un peu soufflé mais ils m’ont dit : « Tu feras comme tu voudras ; on ne t’empêchera pas ! »
Le second appel fut 4-5 ans plus tard. Au moment où André récitait l’acte de charité, une voix à l’intérieur de lui a dit : « oui par dessus tout, plus que tout >> Au terme de sa vie, au cours du Sacrement des Malades à l’hôpital, il a dit aux collègues qui l’entouraient : « J’ai l’impression de n’avoir fait que répondre à des appels successifs, du moins j’ai essayé.>>
Entré au grand séminaire à 19 ans, c’est le 1er Novembre 1954 qu’il part à l’armée, « en gros pour un an », pensait-il. ll y fera 3 ans. C’est la guerre d’Algérie ! Au cours de ces années, André fera une expérience forte de la solidarité , de la fraternité mais aussi de l’insécurité. Il a vu partir des camarades en opération, comme on dit, et apprendre quelques heures après qu’ils avaient été tués. Immergé dans la diversité des origines sociales, des métiers et des opinions, il a fait, dans sa chair, l’expérience de la fraternité. Fraternité qui l’a amené à prendre d’énormes risques pour lui-même, pour que des prisonniers soient traités humainement.
Ces mois en Algérie l’ont marqué à vie, manifestant une solidarité sans faille aux camarades qui ont vécu la même expérience, fidèle à tous les rendez-vous de l’association dont il était membre. C’est là-bas qu’il a été amené à beaucoup échanger sur le livre du prophète Amos. Avec un copain ils se sont arrêtés sur cette phrase : « Cherchez-moi et vous vivrez ! » « On a beaucoup plongé la tête dans les mains et la prière puis me sont revenues ces paroles de Jésus : « ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Des paroles qui rassurent et envoient en même temps : « Pour le chercher, il faut aller vers les autres >>
« Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Ce texte d’Evangile , André a voulu nous le faire entendre, soutenu et prolongé par ce tableau du Père CHARDON qu’il a voulu présent. Il avait sa manière bien à lui d’appeler. Les paroissiens retiennent ses homélies, courtes et bien frappées, qui se terminaient toujours par une question que l’on recevait comme un coup de poing dans l’estomac.
Répondant à l’appel qu’il avait entendu à l’âge de 12 ans, lui-même en a appelé beaucoup à travers les différents ministères qui lui ont été confiés, aussi bien en rural qu’en urbain. Ces derniers mois, des personnes me disaient « c’est grâce à lui que j’ai fait de l’ACE » « C’est lui qui m’a fait connaître la JOC » « Comme Amos, derrière le bétail, on m’a dit : Va là et j’y suis allé sans me demander si j’avais les compétences. Je me disais si je peux être utile là, pourquoi pas mais j’ai toujours donné la priorité à la rencontre des gens, même si ça ne plaît pas à tout le monde ! »
Au cours du Sacrement des malades, il a évoqué ce jociste de Saint Nazaire, mais il l’avait fait souvent auparavant : « J’étais ébloui par la manière dont il parlait si facilement du Saint-Esprit. Il vivait avec lui»
A sa retraite, voici 14 ans, il a fait le choix de venir habiter en HLM aux Horizons dans le quartier d’Hilard : «J’ai fait le choix d ‘un logement HLM, ce qui me vaut de n’être plus séparé. J’ai des voisins bébés, grand-mère, syndicalistes, retraites, marocains. Je me sens humain, citoyen, français, baptisé, prêtre ».
Pour celles et ceux qui connaissent bien André, nous savons qu’il était très déterminé, vif, tranchant avec un caractère bien trempé. Certains ont pu souffrir de certaines de ces décisions. Cela nous empêche d’en faire un saint avant l’heure et d’implorer la miséricorde du Seigneur. » Aimer Dieu, a-t-il écrit, aimer les autres. On aime Dieu à travers les autres. Alors ? Qu ‘est-ce que je peux faire pour eux ? Donner tout… Alors j’ai décidé de donner mon corps à la science… Si ça peut aider les autres ! »
Donner tout ! Comme le Christ qui a donné sa vie, versé son sang pour la vie du monde, pour faire advenir la fraternité humaine, pour faire chanter la dignité inscrite en chacune et chacun de nous, dignité qui plonge ses racines dans l’amour de Dieu qui, en nous donnant son Fils, nous a tout donné.
Père Maurice Carré