Fête de la « manifestation » du Seigneur

L’Epiphanie qui clôt les festivités de la quinzaine de Noël est marquée par des rites familiaux : l’arrivée des Rois-mages dans les crèches et le partage de la galette, mais l’origine et le sens religieux de la fête, sont-ils bien connus ?

 

Le mot Epiphanie qui, littéralement, signifie “apparition”, était utilisé, chez les Grecs et les Romains, pour désigner l’intervention des divinités ou les actions d’éclat des empereurs. St Paul l’emploie pour parler de la venue du règne du Christ “aux temps fixés” (1 Tim 6,14). Depuis les premiers siècles, l’Epiphanie désigne une solennité de l’Eglise : la fête de la “manifestation” de Dieu aux hommes par “son irruption dans le monde, dans un temps historique donné, en la personne de Jésus-Christ.” (Théo).

 

Où et quand la fête est-elle née ?

Au début du IVème siècle, l’Epiphanie était célébrée le 6 janvier en différentes régions de l’Orient mais, l’objet de la fête n’était pas le même partout. A Jérusalem et en Syrie, on faisait mémoire de la naissance de Jésus, en Asie mineure de son baptême par Jean-Baptiste et, en Egypte, on célébrait à la fois la Nativité et le Baptême et, en certains endroits, les noces de Cana.
Un peu plus tard, elle fut célébrée en Occident, en Espagne tout d’abord puis en Italie et dans tout le monde latin. Là, on commémorait la venue des Mages près de l’enfant Jésus. Les nombreuses peintures de l’Adoration des Rois mages dans les catacombes témoignent que cet épisode était très populaire.
Les Eglises d’Orient et d’Occident s’accordèrent : la fête de la Nativité fut fixée le 25 décembre. L’Epiphanie, le 6 janvier, devint pour toute l’Eglise, la fête des manifestations du Seigneur : visite des Mages, Baptême de Jésus, Noces de Cana.

 

Aujourd’hui

Aujourd’hui, en Orient, la fête de l’Epiphanie est toujours fixée le 6 janvier. Elle est centrée sur le Baptême de Jésus, mais il est fait commémoraison de la venue des Mages et des Noces de Cana.
En Occident, l’Epiphanie, longtemps célébrée le 6 janvier, a lieu le dimanche qui suit le 1er janvier, afin que la célébration liturgique puisse être suivie par le plus grand nombre de fidèles. On y fête l’Adoration des Mages. Toutefois, le 2ème dimanche de l’Epiphanie est le jour du Baptême de Jésus et tous les trois ans (année C), le troisième dimanche est celui de Cana.

 

Dieu se manifeste

Quel est l’essentiel de ce qui est dévoilé ?
Les mages, des étrangers donc des païens, sont alertés par un astre à son lever. Ils ne le savent pas mais c’est ainsi que Dieu leur fait signe. Et cet appel est la manifestation du caractère universel du Salut apporté par le Christ : “Jésus est lumière pour tous les peuples”.
Les mages prennent la route et s’égarent. Ils ont besoin des scribes de Jérusalem, qui sont à l’aise avec les Ecritures, pour retrouver leur chemin. C’est que tout est déjà annoncé. Jésus vient accomplir les Ecritures.
Ayant trouvé l’enfant, les Mages se prosternent, comme on ne se prosterne que devant Dieu. Les présents qu’ils offrent montrent qu’ils reconnaissent en lui le Messie, le Sauveur.

Au Baptême de Jésus, le ciel s’ouvre et une voix venue des Cieux déclare : “Celui-ci est mon fils bien aimé en qui je me suis complu” (Mt 3,17) Dieu lui même proclame d’une manière solennelle l’identité de Jésus. Il authentifie la mission de son Fils. Jésus est révélé comme Fils de Dieu et, par delà le temps, à l’Eglise et au monde.
Pendant que la voix du Père retentit, l’Esprit Saint paraît sous la forme d’une colombe, confirmant en quelque sorte la mission de Jésus. Et c’est alors que se manifeste pour la première fois le mystère de la Sainte Trinité.

A Cana, Jésus change l’eau en vin. “Ce fut, dit Jean, le premier signe de Jésus, il manifesta sa grandeur et ses disciples crurent en lui”. Jésus montre ainsi qu’il est investi de la puissance de Dieu. Ce premier signe est plein d’éclat : le vin est bon et il est abondant mais en même temps, il est discret, seuls les serviteurs et les disciples en sont les témoins.
Cet épisode au commencement de la vie publique de Jésus est riche en significations et l’on peut y lire en filigrane tout ce qui va suivre : le don de sa vie “quand l’heure sera venue”, le don “de son corps livré, de son sang versé en abondance” dans le sacrement de l’Eucharistie.

Marie HUAUME

 

Les Rois mages

A cause de la richesse de leurs dons, l’imagination populaire en a fait des rois. Elle a fixé leur nombre à trois à cause des trois présents mentionnés. A partir du VIIIème siècle, on leur a même donné des noms (Melchior, Balthazar et Gaspard). Les peintres les imaginent souvent de races et d’âges différents : sur les tableaux, il y a toujours un vieillard, un adulte et un jeune.

Maître de Francfort, début 16e siècle