Cette semaine, sœur Bernadette Moriau, du diocèse de Beauvais, a été reconnue par l’Eglise, guérie miraculeusement à Lourdes. Comment accueillir cet événement rarissime ? A la veille de fêter Ste-Bernadette, et dans la perspective du pèlerinage diocésain, nous avons demandé au Dr Alain Baty, président de l’Hospitalité de la Mayenne et des Hospitalités francophones, comment se prend une telle décision.

 

Véronique Larat : En 25 années d’Hospitalité, avez-vous été témoin d’une guérison physique, reconnue ou non ? Comment devez-vous agir ou réagir ?

 

Dr Alain Baty : Lourdes n’a d’importance que par le chemin de conversion de Bernadette proposé par la Dame. Que cette jeune fille chétive, inculte, pauvre et malade ait été choisie nous invite tous à poser notre regard sur l’autre et à s’interroger sur ce regard. Sainte Bernadette rayonne de cette lumière de ténacité, de simplicité, de bonté et de foi permettant de s’effacer. « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire…”
 » Alors il arrive qu’une goutte de l’amour de Dieu se pose sur l’un d’entre nous” ; l’image est de Jean-Pierre Bély, 66e miraculé reconnu !

Comment cela se passe-t-il ? D’abord le guéri se présente au bureau médical, puis  un dossier à peu près complet se constitue et si la personne revient à Lourdes, le médecin peut réunir un « Bureau des Constatations Médicales ». Tous les médecins présents à Lourdes ce jour-là, sans distinction de leurs convictions personnelles, sont invités à se réunir en présence de la personne concernée. Ils peuvent poser toutes les questions qu’ils souhaitent et discuter entre eux sur la solidité du diagnostic et sur les évolutions connues de cette maladie. Toute cette phase consiste à « constater » la guérison. Elle est sous la responsabilité du Bureau appelé justement  « Bureau des constatations médicales ». Ensuite le comité médical international de Lourdes se réunira pour statuer, nouvelles demandes… pour aboutir parfois à la reconnaissance  d’une guérison complète, en lien direct avec Lourdes, inexpliquée par la science médicale. Dans ce cas l’AMIL transmet le dossier à l’évêque du sanctuaire et du lieu d’origine de la personne guérie. Ce dernier pourra seul reconnaître le miracle.

 

V. L. : Comment est-ce que, en tant que médecin, vous aborderiez une guérison « miraculeuse » ? N’est-ce pas troublant pour l’homme rationnel et pragmatique qu’est un médecin ?

Dr Alain Baty : La rationalité n’a pas de sens en la matière, j’ai eu la chance d’être médecin au cours de deux bureaux de constatations médicales, étant secrétaire pour le second. Le dossier étant en cours, le secret est de mise, mais il présentait une interrogation certaine sur l’absence d’explication. De ma pratique, je retiens cette phrase d’Ambroise Paré; « je le pansai, Dieu le guérit » avec une différence essentielle : l’augmentation des moyens du pansement !  Nous vivons tous, dans notre pratique, des échecs et des victoires totalement imprévisibles qui nous interrogent ; ma Foi ne change pas fondamentalement mon exercice à contrario de ma vie. Comprenez que je dois une éthique de compétence à tous sans distinction. L’Hospitalité d’accompagnement à Lourdes m’a permis, je crois, d’être différent dans les situations difficiles. Lourdes est un sanctuaire qui décline l’humanité non au verbe avoir, ni au verbe être mais au verbe aimer ; ce qui permet de mieux comprendre l’importance de ce lieu devenu capitale mondiale de la personne malade et bénévole.

 

Propos recueillis par Véronique LARAT

Pour aller plus loin, le site de l’Eglise de France propose un dossier sur le sujet.

 

Le Dr Alain Baty entouré de Mgr Thierry Scherrer
et du Dr Vincent Diquero, en partance pour Lourdes (2016).

 

 

QU’EST-CE QU’UN MIRACLE ?

Fait extraordinaire et suscitant l’admiration en dehors du cours habituel des choses.
Manifestation de la puissance et de l’intervention de Dieu qui apporte une révélation de sa présence et de la liberté dont il use pour accomplir ses desseins. La Bible désigne les miracles en termes de puissance (Ex 9 ; 16), de prodiges (Rom 1 ; 19-20) de guérison (Jn 9 ; 1-41) et de signes (Jn 3 ; 2). Le miracle n’a pas son but en soi, il dirige nos regards plus loin en révélant la présence immédiate de Dieu. Le miracle n’est pas explicable scientifiquement.

Source : Eglise de France

©Communication – Diocèse de Beauvais