Elles avaient annoncé leur départ depuis plusieurs mois. A la fin de l’année, les trois sœurs de la congrégation de l’Immaculée-Conception de St-Méen le Grand, installées à St-Berthevin, ont quitté le diocèse après 25 ans de présence. Paroles&Gestes les a rencontrées.

Dans leur maison, entre l’église de St-Berthevin et la base de loisirs de Coupeau, les trois religieuses préparent les derniers cartons avant leurs déménagements vers leurs nouvelles communautés respectives. Déjà, nombre de placards sont vides. Un déménagement, c’est l’occasion d’un nouveau départ mais aussi d’un bilan.

Sr Paulette

Sr Paulette RONDIN est la plus ancienne dans la communauté. Aujourd’hui âgée de 80 ans, elle est arrivée à St-Berthevin en 2002. Sr Paulette voulait devenir religieuse depuis son enfance. En pension de 8 ans à 14 ans dans une école tenue par les Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir, elle a choisi la congrégation de St-Méen suite à des rencontres. Elle n’a jamais regretté ce choix, dit-elle. Elle reste alors huit ans à la Maison-Mère, puis quatre ans au juvénat avant de partir pour trente années dans les Yvelines. C’est là qu’elle vivra son expérience la plus marquante : le travail en usine pendant six ans. « C’est la chance de ma vie » se dit-elle. En effet, elle sort du cadre purement religieux pour découvrir le monde de l’entreprise : le patron, les cadres, les ouvriers. Travaillant à la fois à la cuisine et au service des expéditions, elle côtoie tout le monde. Au bout d’un certain temps, elle annonce au dirigeant son statut de religieuse et celui-ci de lui répondre : « J’espère que votre présence va apporter un peu de paix à l’entreprise ». A sa retraite, elle reste encore neuf ans, en paroisse dans les Yvelines avant d’arriver, avec toute son expérience pastorale à St-Berthevin. Elle s’engage alors au service de la paroisse en gérant les listes des personnes engagées dans divers services, plusieurs plannings et fait partie de l’équipe d’aumônerie d’Eurolat. Elle rejoindra une communauté de trois sœurs à St-Aubin du Cormier.

Sr Hélène

Sr Hélène MOCHET, 76 ans, arrive à St-Berthevin en 2005. Elle a choisi la congrégation de St-Méen suite à des échanges et notamment parce que la supérieure lui permettait de s’occuper d’une de sa sœur trisomique. Elle aussi avait entendu l’appel de Dieu très jeune mais l’avait laissé un peu de côté. Un jour, alors qu’elle travaillait aux champs, lui est revenue cette phrase de l’Evangile : « La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux ». Alors, elle a dit « Oui ». Elle se voyait bien missionnaire mais : « Je me suis dit que l’on pouvait être missionnaire partout ». Sr Hélène a été cuisinière toute sa vie notamment dans des écoles catholiques mais aussi en restaurant municipal. Elle a travaillé aussi auprès des personnes âgées en région parisienne avant d’arriver à St-Berthevin. « La cuisine, c’est un lieu où se vit l’amitié, le partage. C’est aussi l’occasion d’aller vers les autres, » explique-t-elle, se remémorant la fois où elle avait confectionné des bûches de Noël pour chacun des ouvriers qui travaillaient sur un chantier d’extension dans une école. Ces expériences lui ont donné le goût d’aller vers les plus petits. Une mission qu’elle a mené à bien à St-Berthevin, effectuant de nombreux kilomètres à pied, et qu’elle poursuivra à Brest.

Sr Marie

Sr Marie BRILLU, 76 ans, rejoindra la communauté de St-Berthevin en 2012. Fille unique, elle ressent l’appel de Dieu le jour des vêpres de sa première communion. Elle tente de repousser l’appel mais finit par dire « Oui ». Sr Marie exercera en tant qu’infirmière à la Maison-Mère mais aussi en région parisienne. Elle porte une attention particulière aux personnes âgées et aux personnes du monde médical ou des maisons de retraite. A St-Berthevin, elle passera beaucoup de temps à visiter les personnes âgées à Eurolat (la maison de retraite) ou à leur domicile. Mission qu’elle poursuivra à Craon. Pour elle, comme pour Sr Hélène et Sr Paulette, la vie fraternelle et de prière demeure un pilier de la vie en communauté, pour apprendre à regarder les personnes avec le regard du Christ.

Oui, la vie religieuse ne fait pas beaucoup de bruit mais c’est dans le quotidien qu’elle s’incarne. Preuve en est, l’émotion et la joie qu’ont manifestées plus d’une centaine de Berthevinois le dimanche 7 décembre dernier lors de la journée d’au-revoir aux sœurs.

Alexandre BARBE