Le 13 octobre 2018, les Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde de Laval ont célébré le 200e anniversaire de leur fondation. Ce jour-là, les chrétiens ont fêté surtout Mère Thérèse Rondeau, la fondatrice d’une oeuvre exceptionnelle toute consacrée aux femmes. Messe à 10h30, concert à 15h30.

Mère Thérèse Rondeau, lavalloise, est née en 1793. Douce, intelligente, d’une ferveur magnifique, elle commence très jeune à ne plus vivre que pour Jésus à travers ses actes d’une charité immense. Son caractère joyeux et son travail bien fait la font remarquer de tous. C’est par l’intermédiaire du curé de la paroisse St-Vénérand, le chanoine Chanon, qu’elle fut appelée à fonder une maison d’accueil de jeunes femmes en difficulté, sans travail, pauvres, rejetées par leur famille.

Elle achète une grande maison avec 6 francs en poche

La première maison située rue du Hameau, devenue trop petite, Mère Thérèse acquiert le manoir actuel, rue de Paradis avec 6 francs en poche. “La veille des échéances, Thérèse recevait l’argent qu’il fallait pour payer le loyer, confirme Sœur Emmanuelle, actuellement responsable de la communauté lavalloise, aux côtés de Sœur Yvette, supérieure générale. La première chose qu’elle y installe, avant même un lit pour chaque pensionnaire, est une chapelle.

Jusqu’à 400 femmes à qui redonner leur dignité

Dès la fin des années 1820, Mère Thérèse qui s’est formée à Bordeaux dans une maison similaire, accueille de plus en plus de femmes. Ses filles, comme elle les appelle affectueusement, viennent de toute la Mayenne. Certaines se sont prostituées, d’autres ont volé, ou cédé à l’alcool, rejetées de tous. La seule façon de les relever, pour Mère Thérèse, était de leur redonner une dignité par le travail. C’était la seule possibilité aussi de leur permettre de vivre,  ajoute Sr Emmanuelle. Et Mère Thérèse en trouvait pour chacune. Certains soir il  est arrivé qu’il n’y eût pas assez de travail pour le lendemain. Elle est allée jusqu’ à défaire certains ouvrages la nuit, pour les faire refaire le lendemain…  parce que travailler était le plus important. Jusqu’à 400 femmes ont résidé en ce lieu, aujourd’hui le campus universitaire catholique…

Pourquoi aimer Mère Thérèse Rondeau ?

A cette question, Sœur Emmanuelle nous répond tout simplement : J’ aime en Thérèse ma Mère, son humilité, sa bonté, et aussi sa fermeté. On se référait à elle pour tout. C’est quelqu’un à qui j’ai envie de ressembler. Elle avait peu de culture mais était d’une intelligence ! Elle faisait autorité tout naturellement. On l’écoutait. Et puis elle avait une telle confiance en Dieu ! Elle est notre modèle aujourd’hui ajoute Sœur Emmanuelle. Nous avons une profonde affection pour elle. La confiance totale à Dieu a été son guide. Elle disait toujours “Dieu est là, Il viendra à notre aide toujours” cite avec force Sr Emmanuelle ; un jour elle s’exprima ainsi : “mes enfants, lorsqu’en montant à vos dortoirs vous passerez devant notre farine, demandez à l’archange Saint-Michel qu’il daigne la prolonger”… Le pain n’a effectivement jamais manqué à Mère Thérèse pour nourrir toutes ses “filles”, miraculeusement.

Quelques paroles de Mère Thérèse Rondeau

“Le travail est nécessaire à l’âme de mes filles, comme le pain à leur corps. Il ne faut jamais tant espérer que lorsque les moyens nous manquent. Dieu vient au secours de ceux qui s’abandonnent à Lui. Et à propos des bâtiments : Mon Père, donnez à ce bâtiment votre grande bénédiction afin qu’il soit solide pour durer jusqu’à la fin du monde”…

Il nous reste peu de choses d’elle, hélas !

Mère Thérèse, par humilité, a fait disparaître tout ce qu’elle avait écrit. Il ne reste donc que très peu de choses d’elle, confie avec regret Soeur Emmanuelle. On a son alliance, sa croix, une mèche de cheveux, une sainte vierge, quelques  livres lui ayant appartenu et puis sa chambre. Ce qui compte est la mémoire bien conservée de Mère Thérèse. Elle a remis debout tant de femmes désespérées, sans jamais aucun jugement. Et cela par le travail.

Nous avons gardé dans nos voeux, celui de gagner notre vie. conclut Soeur Emmanuelle, car le travail est source d’épanouissement. C’est par le travail que l’on se remet debout.

De Mère Thérèse à saint Jean-Paul II

La congrégation des Soeurs de la Miséricorde de Laval est en lien étroit avec les soeurs de la Miséricorde divine de Cracovie en Pologne, où vécut sainte Faustine… Plusieurs religieuses, en effet, sont venues se former aux côtés de Mère Thérèse à Laval, entre 1862 et 1866 année de sa mort, s’inspirant donc fortement de sa spiritualité et de sa pédagogie

C’est ainsi qu’en 2016, le Père Patrick Chocholski qui donnait une conférence à Laval sur Mère Thérèse Rondeau, avait conclu son intervention en disant que la vocation du pape Jean-Paul II, à l’époque Karol Wojtila, est née sous le regard spirituel des soeurs de la Miséricorde de Cracovie et surtout de Sainte Faustine. De ce lien fort, il avait osé ce raccourci que l’on se plaît à rappeler en ce 200e anniversaire de la fondation : « sans Mère Thérèse Rondeau, pas de saint jean-Paul II !

Véronique LARAT

On peut lire la vie de Mère Thérèse Rondeau dans un petit fascicule écrit par Jean Pelatan,- Thérèse Rondeau, notre mère – publié en 2016  à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort. A demander à la communauté des Soeurs, rue de Paradis. Ou à lire à la bibliothèque diocésaine de Laval.

Quelques rares objets ayant appartenu à Mère Thérèse.